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Pourquoi le monde des Yechivoth est-il si fermé?

par: Raphaël Bloch

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Qu’entend-on par le terme « fermé » ? Il ne s’agit évidemment pas de la difficulté d’y entrer. Rien n’empêche quiconque en a le désir d’intégrer ce milieu mis à part les problèmes de connaissances et de formation.

On pourrait, alors, aussi bien parler des cercles très fermés des joueurs de bridge, des golfeurs, des grands maîtres d’échec, des savants toutes catégories et j’en passe…

Mais alors, de quoi parle-t-on? D’un certain modèle de société qui serait constitué par des centres d’intérêt, des comportements, des habitudes, peut-être même des manies. Tout cela, avec un décalage certain comparé aux moeurs de notre époque et un refus apparent d’osmose avec les autres types de société.

La question est maintenant clairement posée. Il reste à déterminer dans quelle mesure cela fait partie des idées reçues.

A mon sens, c’est exact !!!

Pour comprendre l’origine de cette attitude, je vous propose de remonter un peu l’Histoire. Dans la Torah, après le récit de la circoncision d’Avraham, il est dit :  » D’ apparut à Abraham dans les plaines de Mamré ». La suite est le récit de l’annonce de la naissance d’Isaac. Que vient faire ici Mamré? Le Midrach nous dit que c’est par le mérite du conseil apporté par celui-ci à Abraham lors de la circoncision que son nom fut cité ici. Mais qu’avait donc Avraham besoin d’un conseil pour accomplir un ordre émanant de D’. Le Gaon de Vilna nous explique cela de la manière suivante : d’une certaine manière, l’alliance de la circoncision tendait à exclure ceux qui n’en faisaient pas partie. Avraham était donc confronté à son désir de faire partager son rapport avec D’ au monde entier. C’est un fait que le projet Divin qui concernait au départ toute l’humanité, ne serait plus que l’apanage d’Avraham et de sa descendance. Le conseil de Mamré fut d’obéir à D’ et ce serait par cette voie que se réaliserait la finalité de l’Univers. Ainsi Avraham a-t-il été appelé « Ivri », qui signifie : « de l’autre côté ». Les Sages commentent : lui, d’un côté, le monde entier, de l’autre côté.

Et au fur et à mesure qu’Avraham se construisait, cette séparation devenait effective. Par la suite, Isaac et Jacob ont continué dans cette voie et en ont fait une caractéristique du patrimoine culturel du peuple juif.

Ainsi, chaque année, nous disons dans la Haggadah, à propos du verset : « il devint en Egypte un grand peuple ». Cela vient nous apprendre qu’Israël se distinguait là-bas. Nos  Sages disent : par leurs noms, par leurs vêtements, par leur langue, par leur solidarité. Ils nous disent encore que c’est par ce mérite que les juifs sortirent d’Egypte.

Une question s’impose : Tout ceci n’est-il pas une attitude, un comportement?

En vérité, cela leur permettait surtout de garder leur identité, de rester les descendants d’Avraham, d’Isaac et de Jacob. Ce n’était certes pas un but en soi mais le moyen, en tant que tels, de recevoir la Torah.

Et nous trouvons, à maintes reprises, dans notre Torah, la volonté de D’ de séparer notre peuple des autres peuples. Le terme « séparation » n’est pas trop fort, ce n’est pas simplement une image. Dans la bénédiction de Havdala qui évoque la séparation entre le Sabbat et les autres jours, nous citons aussi bien la séparation entre le sacré et le profane, la lumière et l’obscurité, que celle entre Israël et les peuples. Cette différence n’est donc pas le fruit d’une origine et d’un parcours particuliers aux juifs. Elle est essentielle, se doit d’être revendiquée, devient une fierté.

De la même manière que les מצוות sont données pour concrétiser notre attachement à D’, parce que l’individu est fonction de ses actes avant tout, de même le fait que le peuple juif est le choix de D’ parmi les nations doit être représenté au niveau de notre vécu quotidien par une volonté d’être « à part ». Ainsi Bilaam s’écrie : « Voilà un peuple qui réside seul et parmi les peuples il ne sera pas compté. » Le Targum Yonathan dit : Il héritera seul du monde parce qu’il ne se conduit pas comme les autres peuples.

Alors ma réponse sera oui !!!

Oui le monde orthodoxe est fermé!! Il accepte qu’on le rejoigne et dans la mesure du possible, il tente d’aider ceux qui en ont le désir (peut-être pas suffisamment). Oui, il refuse catégoriquement que ses différences, ses particularités soient ravalées au niveau d’un folklore parmi d’autres, car il les revendique, en tant que telles.

C’est à cause de cette attitude perçue consciemment ou inconsciemment par les autres juifs qui n’ont pas la même volonté de « différence », que le malaise existe.

Je n’ai donc qu’un mot pour finir :

« Rejoignez-nous !!! « 

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