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Parachat Matot – La vengeance légitime

par: Jaqui Ackermann

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Le lecteur de la paracha est étonné de lire au verset 2 du chapitre 31 que D. s’adresse à Moshé en disant : « venge les fils d’Israël en attaquant le peuple de Midian. Le lecteur de la paracha est étonné de lire au verset 2 du chapitre 31 que D. s’adresse à Moshé en disant : « venge les fils d’Israël en attaquant le peuple de Midian… ». Il est pourtant dit dans Vayikra (le Lévitique), chapitre 19, verset 18 : « tu ne te vengeras pas… » ?!

Rappelons les faits : les peuples de Moav et de Midian se sont associés pour agresser les Bné Israël (Nombres, 22, 4). Ils avaient peur de se faire détruire par eux. Cette crainte n’était pas fondée, mais là n’est pas notre sujet. La tentative première était de faire maudire les Bné Israël par Bil’am (22, 7). Ce qui a échoué. Puis ils optent pour une solution détournée : créer une dépravation morale dans le peuple, ce qui entraînerait la colère de D (chapitre 25, versets 1 à 9). Cela a relativement réussi, il y eu 24 000 morts, à cause des filles de Moav et de Midian.
Il s’agit donc dans notre paracha d’une sorte d’expédition « punitive » chez Midian. Il est vrai que Moav aussi le méritait mais ils ont eu droit à une faveur (voir Rachi sur le verset 18 du chapitre 25).

Nous cherchons donc à comprendre pourquoi le texte parle de vengeance, quel intérêt y a-t-il à se venger ? Pourquoi cela serait tantôt bon, tantôt très mauvais ?

Rav Dessler (Mikhtav Méeliahou, tome 2 page 124) rapproche le mot nékama (vengeance) de hakama (relèvement, rétablissement). La vengeance est censée rétablir un déséquilibre. Toutes les fautes des hommes entraînent une profanation du Nom divin. C’est-à-dire que l’existence de conduites amorales peut être considérée comme l’affirmation haute et forte que la volonté divine n’est pas honorée, et n’a pas besoin de l’être. Il y a une dévalorisation de cette volonté. La vengeance, si elle est bien faite, vient rééquilibrer cette défaillance, vient proclamer que la volonté divine est bien digne de respect, qu’on ne peut pas la mettre de côté.

Le concept de la mauvaise vengeance serait celle qui vient juste assouvir un besoin personnel d’agressivité. Le fait de recevoir des coups créé un besoin de réaction parce que l’amour propre est sévèrement touché. On veut retrouver cette valeur de soi en retournant l’agressivité. Il y a dans ce retour une vérité : on montre que notre honneur réagit, qu’il existe donc. Mais il y a un côté que la Torah n’accepte pas : qui dit que la personne mérite ces coups ? On aurait le droit de réagir, mais la réaction qui cherche à rétablir la valeur des choses est-elle justifiée au vu des résultats qu’elle va engendrer ? Sauf quand la loi le permet et accepte ses conséquences, la vengeance est interdite parce qu’elle n’envisage pas uniquement l’aspect positif. Il n’est pas question de laisser à chacun le devoir de rétablir l’ordre comme il l’entend. Il s’agit de justice sociale, et, sauf contre indication, il faut passer par une instance digne d’établir la justice.

Dans notre paracha, D. dit à Moshé qu’il est possible de rétablir ce qui a été bafoué par la faute. Il y a là une forme de jugement et de justice. Les Bné Israël n’auraient rien fait si D. ne leur avait pas donné l’ordre de le faire. Il faut comprendre que ceux qui sont allés se battre ne cherchaient pas à éliminer des adversaires, mais à sentir à travers cette lutte qu’ils éliminaient ceux qui les avaient fait fauter, ceux qui avaient perturbé leur relation avec D. Il ne s’agissait pas de se défouler sur les autres. Pour prendre un petit exemple de la vie quotidienne : celui qui jette à la poubelle, sans s’énerver, un produit qui lui a fait du mal (des cigarettes par exemple…) ne se venge pas sur l’objet. Il agit pour se montrer qu’il s’en sépare véritablement. Cette élimination montre qu’il fait de la place à ce qui lui est bon, et que ce qui l’agresse n’en a plus.

C’est le seul moment, dans les cinq livres de la Torah, où D. réclame une vengeance. C’est aussi la première fois que tout un peuple cherche à faire fauter le peuple d’Israël. Quand il y a une agression collective contre le peuple d’Israël, D. réagit et demande à Son peuple qu’il prenne conscience de ce qu’il est. Il semble qu’il y ait un devoir de faire valoir la force de la collectivité. Elle doit en permanence montrer ce à quoi elle croit.

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