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Le sacrifice et la Face sacrée

par: Jaqui Ackermann

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Nous voudrions aborder un aspect du culte des sacrifices.

Nous lisons dans les Pirké Avot (1,2) : « Chimon Hatsadik disait : le monde repose sur trois piliers : la Torah (son étude, en particulier), la Avoda (les pratiques cultuelles) et le ‘Hessed (les actes de bienfaisance).

Nous voudrions aborder un aspect du culte des sacrifices.

Nous lisons dans les Pirké Avot (1,2) : « Chimon Hatsadik disait : le monde repose sur trois piliers : la Torah (son étude, en particulier), la Avoda (les pratiques cultuelles) et le ‘Hessed (les actes de bienfaisance). » Nous ne voulons pas approfondir ce texte, mais en retirer un regard sur le monde.

Les commentateurs voient dans ces trois éléments les moyens du développement de l’humanité dans trois domaines : la torah développe l’homme « de l’intérieur » ; la avoda, dans le rapport avec son Créateur ; et le ‘hessed dans le rapport avec son entourage. Si nous comparons ces trois domaines entre eux, nous constatons que chacun possède des particularités que les deux autres n’ont pas. Ce qui nous retiendra ici est le fait suivant. Il n’y a que dans le domaine de la avoda qu’une pratique collective s’impose. En effet, il n’y a pas d’étude collective obligatoire imposée par le texte (hormis celle du Hakhel, une fois tous les sept ans). Il n’y a pas non plus de pratique rituellement imposée de charité communautaire. Par contre il nous est imposé de faire au Temple des sacrifices quotidiens (un agneau le matin, et un autre l’après midi), au nom de la communauté.

Il est intéressant de constater également qu’il n’y a pas d’instance collective imposée formellement dans le texte de la Torah en dehors des tribunaux. Et le grand tribunal (Sanhédrin) siégeait au Temple… mais nous laissons cela à votre réflexion (voir le commentaire du Maharal sur Avot 1,18).

Essayons d’abord de définir la avoda, qu’on traduit généralement par service, travail, ou encore culte. Avoda peut être rapproché de eved qu’on traduit par esclave ou serviteur. Un des sens fondamentaux de eved est celui de la dépendance : est esclave au sens de eved celui qui ne possède pas, à quelque niveau que ce soit, les moyens d’assumer sa propre vie. Ainsi la avoda est l’acte ou le positionnement de celui qui se sent dépendant, de celui qui affirme ne pas disposer pleinement de ses moyens parce qu’il est dépendant de celui auquel il voue sa avoda. L’homme devient « serviteur de D. » lorsqu’il déclare son entière dépendance envers son Créateur. Tout acte le manifestant clairement devient une avoda.

Une des conditions nécessaires à cette manifestation est de se sentir en face-à-face avec D. Il n’est pas possible de vivre cette dépendance sans ce face-à-face. On peut dire sa dépendance, on peut l’exprimer de différentes manières, mais elle n’est prouvée en acte que par cet état où l’homme se retrouve devant son Créateur et la Lui exprime, oralement ou physiquement. Une avoda se pratique obligatoirement avec le sentiment de s’adresser à son Créateur. Ceci n’est indispensable ni pour l’étude, ni pour la bienfaisance.

On peut ainsi comprendre la remarque faite précédemment. Le peuple a sa propre intériorité. Il doit donc impérativement entretenir l’étude et la transmission, et c’est son devoir de créer des yechivot. Le peuple est composé de différents membres. Il doit donc entretenir la bienfaisance, et c’est son devoir de créer des institutions dans ce sens. Pourtant, dans ces deux cas il n’y a pas de mitsva collective de créer des institutions (l’obligation existe, évidemment, mais elle n’est pas exprimée dans les versets formellement, elle en découle). Par contre, lorsqu’on affirme que le peuple est face à son Créateur, cela veut dire qu’il est dans une situation où il doit tenir compte en permanence de son regard, qu’il se doit de le reconnaître activement. Sinon, c’est comme s’il l’oubliait. Le positionnement de « face-à-face » fait que la avoda s’impose d’elle-même.

Le peuple juif, dans sa globalité, est face à D. Mais l’individu ne peut pas vivre cela en permanence. Le peuple tout entier, à travers le Temple et la présence divine qui s’y trouve, est face à D., en relation permanente. On peut se dire que l’individu qui apporte un sacrifice cherche à goûter à cette relation, qu’il veut s’y plonger. Il va au Temple, pour participer à cette relation : il veut lui aussi se retrouver face-à-face avec D.

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