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La santé, une vraie S.A.R.L.

par: Jaqui Ackermann

Publié le 14 Septembre 2022

Article paru dans Valeurs du Judaïsme

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La santé est une profonde obsession. Il suffit d’entendre ce que les gens se souhaitent à Roch hachana. C’est en effet ce qui dérange l’homme immédiatement. Si le corps est agressé, l’activité humaine est affectée. La santé psychique, le moral, peut aussi être objet d’agression. Mais, à moins d’être en temps de guerre, cette santé se partage beaucoup moins entre les individus. Par contre s’il fait un peu trop froid, tout le monde en parle.

La réflexion que nous voudrions mener sur ce point concerne notre fragilité. Nous avons tendance à traiter notre santé plus que notre fragilité. C’est-à-dire que nous cherchons, en général, à maintenir notre bien-être, à compenser la maladie, sans réaliser forcément que nous sommes dans un corps qui est par essence limité et vulnérable, sujet à agression, en situation de risques. Nous faisons notre vie sur terre jusqu’à 120 ans (au moins !), dans des conditions telles, qu’il est difficilement envisageable que notre santé ne soit pas une fois diminuée ou atteinte, à moins d’une protection divine particulière. Il ne s’agit pas de noircir le tableau ou d’être mauvais prophète, mais plutôt d’adopter a priori un comportement responsable qui tient compte de ce fait. Voilà, nous sommes fragiles et limités. Que peut-on dire ou faire de nos limites, à part le fait de s’en lamenter ?

Il existe plusieurs approches de nos limites. Nous choisirons la suivante.

Prenons un exemple. Que penseriez-vous d’un sixième doigt ? Laissons de côté l’aspect esthétique et pensons au piano ou au clavier d’ordinateur. Ne serait-ce pas une révolution musicale ou informatique ? Vous me direz que nous sommes dans l’habitude et que nous n’y pensons donc jamais. Nous nous permettons de penser qu’il existe des réflexions, au niveau du piano ou de l’ordinateur, qui sont nées parce que nous n’avons que cinq doigts et qu’il fallait compenser ce manque de sixième doigt. Nous voulons en venir à cette conclusion. Toute limite appelle une réflexion sur les moyens de dépasser cette limite dans certaines situations. Il est facile d’expérimenter le fait que lorsqu’on se sent dépassé, on se découvre quelques fois des nouvelles capacités d’aborder la réalité autrement. En terme « spirituel », toute limite physique indique clairement qu’au-delà, il existe un monde spirituel. C’est l’exemple, entre autres, du shabbat venant après les six jours. La création divine n’a pas limité ce monde physique pour faire disparaître l’infini. Cela l’a simplement caché. On peut concevoir une réalité différente dès qu’on arrive au bout de celle qu’on vit. On peut même prétendre que, dès qu’on se sent limité d’une manière ou d’une autre, on est sensé découvrir un autre horizon de profondeur. Car l’être humain a en lui une dimension infinie qui doit lui permettre d’aller vers une proximité toujours plus forte avec D. A condition que l’homme s’y prenne honnêtement.

La santé est une des limites qui nous est imposée à notre création. Ses limites peuvent ou doivent faire penser à l’infini de l’âme. Plus notre fragilité est consciente et nous prenons acte de nos limites, plus nous irons chercher le côté infini de notre intérieur

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