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« FAIRE LE KORBAN PESSAH » Parashat Behaalothekha, par Mme S. Scetbon

par: D. Scetbon

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« FAIRE LE KORBAN PESSAH » Parashat Behaalothekha, par Mme S. Scetbon

 

 

Le Livre « Bamidbar » dans la Paracha du même nom, Chapitre 1 verset 1 s’ouvre par une précision temporelle «  Hachem parla à Moshé dans le désert du Sinaï, dans la tente d’assignation, le premier jour du second mois de la deuxième année après leur sortie d’Egypte. ».

Pourtant, deux Parachot plus tard dans « Behaalothekha » Chapitre 9 verset 1 Hachem s’adresse à Moshé «  la seconde année de leur sortie du pays d’Egypte, le premier mois «  Il leur intime de faire la Pâque au temps fixé « Et ils firent la Pâque au premier mois, le quatorzième jour de ce mois, vers le soir ».

La Torah n’aurait-elle pas dû commencer par cet événement antérieur sur le plan chronologique ?

C’est la question que pose Rachi : « Au premier mois Le premier chapitre du présent livre n’a été dit qu’en iyar, d’où l’on apprend que la Tora ne respecte pas un ordre chronologique (Pessa‘him 6b). Et pourquoi ne commence-t-il pas par le présent chapitre ? Parce qu’il jette un discrédit sur Israël, lequel, au long de tous les quarante ans de son séjour dans le désert, n’a présenté que cette fois-là l’offrande pascale (Sifri).

Le verset 5 du Chapitre 13 de la Paracha Chemot précise que quand «  l’Éternel t’aura fait entrer dans le pays du Cananéen, du Héthéen, de l’Amorréen, du Hévéen et du Jébuséen, pays qu’il a juré à tes pères de te donner, pays ruisselant de lait et de miel, tu célébreras cette cérémonie dans ce même mois »

De quelle cérémonie parle-t-on ici ? Tu serviras ce service-là Celui de Pessa‘h (Mekhilta).

Pourquoi alors Rachi parle-t-il de jeter un discrédit sur Israël ? Les Bné Israël n’étaient-ils pas tenu selon le verset de célébrer Pessa’h uniquement quand ils seraient rentrés en Canaan ? Pourquoi les blâmer dans ce cas ?

Pour comprendre revenons aux évènements intervenus le premier Nissan :

–          Ce jour marque l’inauguration du Michkan. Le Midrash Tanrouma dans Nasso rapporte que les Bné Israël apportèrent en deux jours les matériaux nécessaires au Michkan, au moment de l’inauguration ils espèrent être pardonnés pour la faute du veau d’or,

 

–          Mais Nadav et Aviou, les fils d’Aaron, prirent chacun leur encensoir, ils y mirent du feu, déposèrent de l’encens. Ils apportèrent devant D. un feu étranger, non commandé.

Un feu jaillit de devant D. qui les dévora. Ils moururent devant D.

Les fils d’Aaron meurent le jour de l’inauguration du temple du désert, alors que les Bné Israël étaient dans un moment de liesse.

 

–          Le troisième événement enfin consiste en l’ordre de « faire »Pessah.

Attardons nous sur le verbe « faire » « Assou » qui revient de très nombreuses fois :

Baaloteha chap 9 verset 2 : Que les enfants d’Israël fassent la Pâque au temps fixé.

Baaloteha chap 9 verset 3 :   C’est le quatorzième jour de ce mois, vers le soir, temps fixé pour elle, que vous devez la faire ; d’après tous ses statuts et toutes ses règles vous l’exécuterez.

Baaloteha chap 9 verset 4 Moïse parla aux enfants d’Israël, pour qu’ils fissent la Pâque.

Baaloteha chap 9 verset 5 : Et ils firent la Pâque au premier mois, le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans le désert de Sinaï.

Que comprendre de cette répétition du verbe faire ?

Plusieurs raisons sont avancées par les H’ahamims à la nécessité de faire Pâques dans le désert. Le Ramban rapporte qu’il y avait nécessité de donner cet ordre afin que le souvenir des miracles accomplis par Hachem pour le Bné Israël soit transmis. Ainsi les pères qui ont connu l’Egypte pourraient transmettre à leurs fils. Hachem voulait que les enfants vivent le korban dans le désert : Le fassent.

Le Hizkouni  (commentateur français du 14ème siècle) rapporte les plaintes des Bné Israel , mais pourquoi se sont-ils plaints ? Car ils ne sont pas encore libres !

Le Pessah célébré en Egypte devait marquer la prise de liberté des Bné Israêl, mais ils se sont plaints tout le long : d’abord devant la mer rouge puis las de manger de la manne lorsqu’ils ont réclamé de la viande, lors de l’épisode du veau d’or, jusqu’à l’épisode des explorateurs entrés en Canaan. A cela Rav Dessler rapporte qu’on ne peut considérer un homme libre s’il n’est pas soumis à une loi qui le transcende »Michna  Pirke Avot chapitre 6 verset 2.

Nous pouvons alors commencer à répondre : quand Rachi demande pourquoi la Torah ne commence-t ’elle pas par le Chapitre 9 verset 1, car cela serait un discrédit pour Israêl , s’ils ne s’étaient pas plaints ils seraient rentrés en Israël et auraient célébré Pessah sur leur terre comme dit dans le verset.

Ils ne sont pas libres, ils sont encore esclaves de leurs vices.

Le verbe faire revient près de 200 fois dans le processus de fabrication du Michkan.

Le Sefer Ha ‘hinoukh nous dit « Le cœur suit les actes », Hachem prend la peine ici de leur dire « faites » car il n’est pas enfermé dans son projet, il s’adapte au rythme des Bné Israêl qui apprennent à être libres. C’est en faisant que l’on s’approprie,  cela va nécessiter 40 ans d’apprentissage dans le désert pour intégrer le « faire », ils apprendront tellement bien qu’on les qualifiera de peuple « à la nuque raide ».

Le jour de l’inauguration du Michkan, les bné Israêl perdent Nadav et Aviou , ils sont désemparés, ainsi Hachem dit à Moshé «  fait, … fait…qu’ils fassent » pour qu’ils trouvent des ressources en eux-mêmes.

La célébration de cette Paque dans le désert doit rétablir le lien à ce moment critique  et entraine un élan vers Hachem de ceux en état d’impureté : Beaaloteha chapitre 9 versets 6 et 7   «  Or, il y eut des hommes qui se trouvaient souillés par des cadavres humains, et qui ne purent faire la Pâque ce jour-là. Ils se présentèrent devant Moïse et devant Aaron, ce même jour, et ces hommes lui dirent: « Nous sommes souillés par des cadavres humains; mais pourquoi serions-nous privés d’offrir le sacrifice du Seigneur en son temps, seuls entre les enfants d’Israël? »

Moshé demande comment procéder à Hachem (il faut noter qu’il s’agit l’une des 4 fois dans la Torah  où Moshé demande une halaha à Hachem) ils la feront au deuxième mois, le quatorzième jour, vers le soir. (Beaaloteha chapitre 9 verset 10).

Hachem donne une chance à ceux qui vent se rapprocher de lui, le temps de la purification nécessaire ils feront le korban Pessah  le 14 Iar, Pessah Cheni.

Hachem, lors du projet initial avaient bien donné l’ordre de faire Pessah en Cannaan, mais les Bné Israël n’étaient pas prêts à y entrer, le blâme de Rachi consiste donc dans le fait que les Bné Israêl n’aient pu matérialiser le projet de Pessah en Israël.

 

 

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